lundi 22 décembre 2008

Liberté de presse (sic !)




Genève, 15 décembre (PEC) 95 journalistes* ont payé de leur vie l’exercice de leur métier en un an dans 32 pays, selon le rapport 2008 de la Presse Emblème Campagne (PEC) publié lundi. Ce chiffre est inférieur au record de 115 journalistes tués l’an dernier, mais cette baisse de 17,5% est due uniquement à l’amélioration de la sécurité en Irak.

En moyenne, près de deux journalistes ont été tués chaque semaine, au cours des trois dernières années (96 en 2006, 115 en 2007, 95 en 2008). Beaucoup d’autres ont été blessés, kidnappés, menacés, emprisonnés ou n’ont pas pu s’exprimer librement (Birmanie, Chine, Zimbabwe, Erythrée notamment).

« La sécurité des employés des medias est devenue un problème global », a constaté la présidente de la PEC Hedayat Abdel Nabi. « 60 ans après l’adoption de la Déclaration universelle des droits de l’homme, les atteintes à la liberté de la presse sont massives dans plusieurs régions du monde », a-t-elle souligné.

« Fait positif, le nombre de journalistes tués en Irak a fortement diminué cette année, grâce à l’amélioration relative de la sécurité dans ce pays. Malheureusement, la situation s’est détériorée dans d’autres pays, une évolution très inquiétante », a expliqué le secrétaire général de la PEC Blaise Lempen.

La « Media ticking clock » de la PEC montre une détérioration dans plusieurs pays en 2008 : Mexique, Pakistan, Inde, Thaïlande, Russie, Philippines, Géorgie et Croatie. Outre l’Irak, une amélioration (précaire) est par contre à signaler en Somalie (deux tués contre huit en 2007), au Sri Lanka (deux tués contre sept l’an dernier).

L’Irak est resté en 2008 le pays le plus dangereux, avec 15 morts depuis janvier. Ce bilan est toutefois nettement inférieur aux 50 journalistes tués en 2007, soit une baisse de 70% du nombre de victimes, et aux 48 tués en 2006. Depuis le début de la guerre en mars 2003, au moins 265 journalistes ont péri dans ce pays.

La vague criminelle s’est aggravée au Mexique. Avec neuf victimes depuis janvier (contre trois l’an dernier), le Mexique est le deuxième pays le plus dangereux au monde cette année.

La détérioration est aussi très nette au Pakistan, au 3e rang, avec huit journalistes tués cette année (contre cinq l’an dernier). La situation s’est nettement détériorée dans les zones tribales proches de la frontière afghane.

L’Inde suit au 4e rang, avec sept journalistes tués (deux l’an dernier), surtout en relation avec les conflits ethniques dans le nord du pays. Suivent les Philippines (5e rang), avec six journalistes tués (contre quatre l’an dernier), notamment en raison du conflit sur l’île de Mindanao, puis la Géorgie (6e rang, 5 tués), à cause de la guerre du mois d’août avec la Russie.

On trouve ensuite parmi les dix premiers pays les plus dangereux la Russie (quatre tués, contre un l’an dernier), principalement des assassinats liés aux conflits dans le Caucase, puis, fait nouveau cette année, la Thaïlande (quatre tués, au 8e rang, zéro l’an dernier).

Deux victimes ont été recensées dans neuf autres pays, au 9e rang à égalité: Afghanistan, Colombie, RDC, Népal, Nigéria, Somalie, Sri Lanka, Venezuela et, un pays nouveau qui s’est ajouté sur la liste cette année pour la première fois depuis 1995, la Croatie.

Une victime a également été enregistrée dans chacun de ces pays en 2008 : Bolivie, Brésil, Burundi, Cambodge, Equateur, Gaza, Guatemala, Honduras, Iran, Kenya, Niger, Ouganda, Panama, République dominicaine, Zimbabwe.

Principales conclusions:

- Le rapport montre que l’amélioration relative de la sécurité en Irak a été malheureusement compensée par une détérioration dans plusieurs autres pays. Le chiffre de 95 tués en un an est pratiquement équivalent à celui de 2006, malgré la nette baisse du nombre de victimes en Irak.

- outre les assassinats, de très nombreux enlèvements ont eu lieu cette année, notamment en Afghanistan, en Somalie, en RDC, en Irak, à Gaza et au Mexique. La Somalie a ainsi connu moins d’assassinats que l’an dernier (deux contre huit), mais plusieurs prises d’otages.

- la très grande majorité des victimes (près des trois quarts) a été enregistrée dans une zone de conflit armé. Parmi les pays les plus dangereux, le Mexique et la Thaïlande sont des cas à part, car il n’y a pas de conflit armé dans ces pays.

- par région, le bilan est assez surprenant : l’Asie est en tête, avec quatre pays parmi les huit les plus dangereux (soit au total 30 tués : Pakistan, Inde, Philippines, Thaïlande, Sri Lanka, Népal, Cambodge), devant l’Amérique latine (20 tués : Mexique, Colombie, Venezuela, Guatemala, Bolivie, Equateur, Panama, Honduras, Brésil, République dominicaine), puis seulement le Proche-Orient (19 tués : Irak, Afghanistan, Iran, Gaza). L’Europe suit cette année, pour la première fois depuis longtemps avec un nombre de victimes relativement élevé (soit 11 tués : Géorgie, Croatie, Russie), devant l’Afrique (10 tués : RDC, Somalie, Nigéria, Ouganda, Niger, Burundi, Kenya, Zimbabwe).

- la très grande majorité des journalistes tués ont été personnellement visés en raison de leur profession. Il s’agit d’assassinats délibérés visant à éliminer un individu, en raison de ses enquêtes ou de ses opinions contraires à des groupes armés, des groupes politiques, des réseaux criminels, ou des intérêts locaux. Les causes accidentelles (par exemple, décès lors d’une explosion terroriste, ou en raison d’une balle perdue) représentent cette année environ 10% du total.



* Note : le chiffre de 95 journalistes tués correspond à la période du 15 décembre 2007 jusqu’au 14 décembre 2008.

http://www.pressemblem.ch/10399.html

3 commentaires:

Raphaël Ouellet a dit...

C'est drôle de voir que dans ton texte on ne parle pas, ou presque, mais très minimalement, du conflit israélo-palestinien. Alors que plusieurs journaliste photographes sont tués chaque années.

Un omerta peut-être? Sans aucuns doutes.

Je crois que c'est drôlement plus important et tangible de s'intéresser à ce fléau que n'importe quelle NWO ou bla bla bla, sauf tout le respect que je te dois.

Alors qu'on parle de la liberté de presse à tue tête en ce qui concerne l'IRAK et les autres pays à problèmes, pas un mot ou presque sur une situation beaucoup plus méconnue, problématique et d'envergure. Cette situation m'inquiète profondément, surtout venant d'organismes sensé prôner la justice et l'égalité.

En tous cas, ça me révolte.

Au plus haut point, soit dit en passant.

Raphaël Ouellet a dit...

Ah oui, j'oubliais.

En plus lorsque l'on parle d'Israël/Palestine, on mentionne le nom de Gaza, ce qui n'est pas un pays mais seulement un petit territoire.

Pour avoir connu plusieurs personnes proches de moi qui y sont allés, les palestiniens font tous pour diffusé la nouvelle de ce qui se passe là-bas. Donc lorsque l'on dit que c'est de la faute de GAZA si les photographes/journalistes meurent, FAITE MOI RIRE.

Les israéliens ont beaucoup plus de raisons de faire taire la nouvelle.

D'abord que c'est eux qui tuent en majorité les gens et les enfermes dans une prisons à ciel ouvert depuis 40 ans.

C'est aberrant qu'on ne traite pas plus de la situation dans le texte.

Malgré tout je t'aime et ton texte était très informatif quand même.

Ceci dit, JOYEUX NOEL

Rogerio Barbosa a dit...

Ce n'est pas mon texte Ralph, j'ai mis le lien vers le site ou il à été pris....

Joyeux Noël à toi aussi. :-)