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Fonds FTQ: Je veux être remboursé pour cause de trahison | | | |
Blogues - Michel Van de Walle sur le trottoir | ||
Écrit par Michel Van de Walle | ||
Jeudi, 11 juin 2009 19:59 | ||
Mise à jour le Vendredi, 12 juin 2009 00:49 | ||
Je suis tombé en bas de ma chaise lorsque j'ai appris que le Fonds de solidarité de la FTQ s'était associé à Quebecor Media pour acheter le Canadien de Montréal et d'autres actifs du Groupe Gillett. Tombé en bas de ma chaise et surtout, furieux! Je peux comprendre que le Fonds veuille participer à une opération destinée à redonner la franchise du Canadien à des intérêts québécois. Je peux comprendre aussi que le Fonds ait vu là une occasion d'affaires intéressante et rentable. Je peux comprendre tout cela. Mais je ne comprends pas que les dirigeants du Fonds, notamment son conseil d'administration largement formé de représentants d'organisations syndicales, aient misé sur l'une des entreprises qui ont le plus mauvais bilan en matière de relations de travail au Québec. Une entreprise qui a enfilé les conflits de travail à la queue leu leu au cours des années. Une entreprise qui a multiplié les lock-out contre ses travailleurs, notamment chez Vidéotron et au Journal de Québec. Les dirigeants du Fonds devraient être au courant, ces travailleurs sont syndiqués à la FTQ! Et je ne comprends pas que le Fonds, qui a pourtant le mot «solidarité» dans sa dénomination sociale, s'allie à une entreprise où sévit actuellement deux pénibles lock-out, celui du Journal de Montréal et celui du Réveil du Saguenay. On m'accusera bien sûr d'être en conflit d'intérêts dans cette chronique. Je le conçois fort bien et je l'assume. Et je l'assume doublement. Doublement parce qu'évidemment, je suis l'un de ces travailleurs de l'information du Journal de Montréal qui ont été cadenassés le 24 janvier dernier et que, avec mes 252 collègues, je subis les contrecoups de ce geste brutal et méprisant. Mais doublement en conflit d'intérêts parce que je suis aussi actionnaire depuis plusieurs années du Fonds de solidarité FTQ. Je suis actionnaire du Fonds parce que je croyais à ce projet. Je croyais à cette idée que des travailleurs puissent mettre ensemble une partie de leurs économies durement gagnées à aider des entreprises québécoises à maintenir et à créer des emplois. Je croyais à cette idée qu'en soutenant des entrepreneurs de bonne foi, dynamiques et innovateurs, on aidait du même coup d'autres travailleurs à se trouver des jobs, à sortir des affres du chômage et de l'aide sociale. On aidait de jeunes diplômés de nos cégeps et de nos universités à dénicher un emploi ici au lieu de s'expatrier. Je croyais à cette idée qu'en investissant dans le Fonds, j'aidais parfois des entreprises à ne pas fermer leurs portes, à profiter d'une injection de capital frais et patient pour se réorganiser et préserver un maximum d'emplois. Je croyais à cette idée qu'en investissant dans un fonds syndical, j'allais peut-être contribuer aussi à faire en sorte que des travailleurs isolés puissent s'organiser un peu, démocratiquement, pour améliorer leurs conditions de travail et de vie par le biais de la négociation collective. Je croyais à cette idée que je faisais modestement ma part pour l'essor économique du Québec par le biais d'une institution qui a un minimum d'éthique sociale et de principes moraux. Mais il faut croire que je me suis trompé. Jamais je n'aurais cru que le Fonds dans lequel j'ai investi mes petites économies s'allierait à une entreprise dont l'une des filiales, Le Journal de Montréal, veut sous-traiter à l'extérieur plusieurs de ses activités, ce qui conduira à la disparition d'environ 80 emplois. Des emplois occupés très largement par des femmes qui ont donné une grande partie de leur vie et de leur cœur à faire croître cette entreprise. Jamais je n'aurais cru que le Fonds aiderait une entreprise à prendre le contrôle d'une équipe de hockey au moment même où celle-ci maintient sur le trottoir quelques-uns des meilleurs chroniqueurs et journalistes sportifs au Québec. Jamais je n'aurais cru que le Fonds ferait prévaloir sa recherche de rendement sur les nobles principes qui ont présidé à sa création. Jamais je n'aurais cru que le Fonds n'aurait de «solidarité» que le nom. Je veux être remboursé pour cause de trahison. |
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